Anatomie de l'horreur by Stephen King

Auteur:Stephen King
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2018-08-28T22:00:00+00:00

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Ghost Story8 de Peter Straub9 est probablement le meilleur roman fantastique publié depuis l’émergence de la « nouvelle vague » des années 1970 – laquelle a déferlé suite à la publication de trois livres, à savoir Un bébé pour Rosemary10, L’Exorciste11 et Le visage de l’autre12. L’immense popularité de ces romans, publiés en l’espace de cinq ans, a convaincu les éditeurs (qui l’avaient peut-être oublié) que la littérature d’horreur jouissait d’un potentiel commercial dépassant largement le lectorat de magazines défunts tels que Weird Tales ou Unknown13, ou celui des rééditions en format de poche des livres publiés par Arkham House*1.

Les éditeurs se sont alors empressés de rechercher de nouveaux best-sellers terrifiants, ce qui les a malheureusement conduits à publier quantité de mauvais livres. Si bien que la « nouvelle vague » a commencé à se retirer vers le milieu des années 1970, abandonnant les lieux à des best-sellers traitant de sujets plus familiers : le sexe, le monde des affaires, le sexe, l’espionnage, le sexe homo, le milieu hospitalier, le sexe bizarre, les alcôves de l’Histoire, le sexe des vedettes, la guerre et le sexe. Ce qui ne veut pas dire que les éditeurs aient définitivement renoncé à acheter ou à publier des romans d’horreur ; la meule du moulin de l’édition tourne lentement mais sûrement (ce qui explique en partie la quantité de gruau qui sort des presses des plus grands éditeurs new-yorkais chaque printemps et chaque automne), et ce qu’on appelle le « roman d’horreur grand public » n’est pas près de disparaître des librairies. Mais le temps des vaches grasses est révolu, et les directeurs littéraires new-yorkais ne se précipitent plus automatiquement sur leur contrat type dès qu’un monstre apparaît dans un manuscrit… Écrivains débutants, notez bien ça sur vos tablettes.

C’est dans ce contexte que Coward, McCann and Geoghegan a publié en 1975 le Julia14 de Peter Straub. Il ne s’agissait pas de son premier roman ; deux ans auparavant, il avait publié Marriages – un bouquin de littérature générale sur les mœurs de nos contemporains. Bien que Straub soit américain, sa femme et lui ont vécu dix ans en Angleterre et en Irlande, et Julia peut être considéré comme une histoire de fantômes à l’anglaise, sur le plan du concept comme sur celui de l’exécution. L’action se situe en Angleterre, la plupart des personnages sont anglais, et, détail des plus importants, la diction du roman est elle aussi anglaise – froide, rationnelle, presque détachée de toute émotion. Pas un instant l’intrigue ne vire au grand-guignol, bien que sa donnée de base s’y prête à merveille : Kate, la fille de Julia et de Magnus, s’est étouffée sur un morceau de viande et Julia l’a tuée accidentellement en tentant de pratiquer sur elle une trachéotomie avec un couteau de cuisine. Puis il semble que la petite fille revienne sous la forme d’un esprit maléfique.

La trachéotomie ne nous est pas racontée en détail – le sang sur les murs et sur les mains de la mère, la terreur et les hurlements.

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